Comment l’immobilier évolue en 2024 avec les nouvelles tendances

Personne n’applaudit une révolution silencieuse. Pourtant, c’est ce qui se trame dans le secteur immobilier en 2024 : des lignes qui bougent, des certitudes bousculées, et des acteurs prêts à réinventer la façon dont on bâtit, achète ou loue un logement.

Le marché immobilier change de visage à toute vitesse. Poussés par une demande qui ne faiblit pas pour des habitats plus verts, les promoteurs accélèrent leur virage vers des matériaux responsables et des solutions basse consommation. Des immeubles en bois, des isolants biosourcés, des panneaux solaires intégrés… L’époque où le béton régnait sans partage s’efface au profit de constructions qui s’adaptent à une société plus consciente de son impact. Ces nouveaux choix architecturaux ne relèvent plus du gadget : ils s’imposent petit à petit comme le socle de la nouvelle donne immobilière.

En parallèle, le télétravail change la donne pour des millions de Français. Les attentes évoluent : un logement sans coin bureau ou pièce modulable paraît inconcevable à une part croissante des acheteurs et locataires. Les plans s’adaptent, les mètres carrés se réorganisent. Les promoteurs révisent leurs copies : plus question de négliger l’espace dédié au travail ou à la détente. Difficile désormais d’imaginer une résidence neuve sans zone partagée ou offre de services mutualisés.

Les facteurs qui pèsent sur les prix en 2024

Plusieurs courants viennent façonner la trajectoire des prix immobiliers cette année. D’abord, le cap fixé par la Banque centrale européenne. Christine Lagarde, à la tête de la BCE, campe sur sa ligne : priorité à la lutte contre l’inflation, quitte à risquer de freiner la croissance. Les impacts ne se font pas attendre sur les taux d’intérêt, qui pèsent lourdement sur la capacité d’emprunt.

François Villeroy de Galhau, qui dirige la Banque de France, suggère toutefois que la BCE pourrait bientôt infléchir sa politique et abaisser les taux. Une lueur d’espoir pour les investisseurs, qui pourraient alors revenir sur le marché, relançant la machine et, potentiellement, les prix. Mais dans l’intervalle, comme le rappelle Maël Bernier (porte-parole de Meilleurtaux.com), les taux des crédits immobiliers ont déjà grimpé à des niveaux qui refroidissent les ardeurs de nombreux ménages.

Pour prendre la mesure de ces changements, voici quelques points clés soulevés récemment :

  • Patrice Vergriete, lors d’une conférence du Cercle des Managers Immobiliers, a mis en garde face à un écart grandissant entre les prix immobiliers et la capacité des Français à suivre.

Ce déséquilibre pourrait bien s’accentuer si la BCE tarde à desserrer l’étau monétaire. Les ménages les plus modestes risquent d’être les premiers touchés, relégués à l’écart de la propriété. L’équation offre-demande reste déterminante : une offre trop resserrée face à une demande dynamique, et les prix continuent à grimper ; si la demande faiblit, freinée par le coût du crédit, alors la tendance pourrait s’inverser, au moins temporairement.

Où en est le marché ? Entre opportunités et vigilance

Thomas Lefebvre, directeur scientifique chez Meilleurs agents, l’affirme : nous assistons à une baisse mécanique des prix, qui devrait se poursuivre au moins jusqu’au printemps 2024. Pour ceux qui attendent le bon moment pour acheter, ce repli offre des fenêtres d’opportunité. Mais rien n’est figé : la santé de l’économie et les choix de la BCE pourraient tout bouleverser en quelques mois.

Lawrence Yun, économiste de la National Association of Realtors, distingue deux trajectoires possibles. Si les taux d’intérêt se stabilisent, le marché pourrait repartir doucement, les transactions retrouver un peu de souffle. Sinon, avec des taux qui resteraient élevés, on pourrait voir le volume des ventes s’éroder davantage, freinant l’accès à la propriété pour de nombreux ménages comme pour les investisseurs.

Plusieurs voix expertes ont récemment livré leur lecture de la situation :

  • André Perrissel (World Property Business Club) a analysé dans un article les risques liés à la volatilité des taux et à l’incertitude qui plane sur la politique monétaire.
  • Loïc Cantin, président de la Fnaim, estime que 2024 doit marquer un réalignement des prix avec la réalité du pouvoir d’achat des Français.

Pour celles et ceux qui suivent le marché, l’enjeu est clair : surveiller de près l’évolution des taux et ajuster sa stratégie. Diversifier ses placements, rester à l’écoute des signaux monétaires, c’est la meilleure boussole pour traverser cette période mouvementée.

immobilier futur

À quoi s’attendre pour la suite ?

L’année 2024 ne sera pas celle d’un marché homogène. Les contrastes s’affirment, les écarts se creusent. Patrice Vergriete, toujours au Cercle des Managers Immobiliers, insiste : l’écart entre évolution du secteur et pouvoir d’achat s’accroît, et ce sont les ménages les plus fragiles qui trinquent. Les prix restent hauts, les taux de crédit rendent l’emprunt plus ardu. Beaucoup voient alors leur espoir d’achat s’envoler ou s’éloigner.

Christine Lagarde, fidèle à sa stratégie anti-inflation, maintient la pression, tandis que François Villeroy de Galhau table sur une détente prochaine des taux. Si ce scénario se matérialise, cela pourrait relancer l’activité et donner un nouveau souffle au marché. Mais pour l’heure, comme le souligne Maël Bernier, rares sont ceux qui échappent à la hausse du coût du crédit.

Quels scénarios pour l’immobilier ?

Lawrence Yun dessine deux horizons : une stabilisation des taux qui rouvre le jeu, ou leur maintien à un niveau élevé qui referme les portes à beaucoup. André Perrissel rappelle que tout dépendra des décisions prises à Francfort et de la conjoncture globale. Thomas Lefebvre, chez Meilleurs agents, prévoit que la baisse des prix devrait se poursuivre, au moins jusqu’au printemps. Loïc Cantin défend quant à lui la nécessité de réajuster les prix pour les rapprocher des réalités du pouvoir d’achat.

Au bout du compte, l’immobilier en 2024 ressemble à un chantier ouvert. Chacun avance sur un terrain mouvant, entre incertitudes et occasions à saisir. Reste à savoir qui, des acheteurs ou des vendeurs, saura le mieux tirer parti de cette nouvelle donne.

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